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Politique culturelle / élections cantonales en Hautes-Pyrénées 2011 / Henri Lourdou, Olivier Clément-Bollée, Yves Carrié, Roger Mur, Yannick Gautier

Nous avons interrogé Henri Lourdou, Olivier Clément-Bollée, Yves Carrié, Roger Mur, Yannick Gautier (EELV) qui candidate aux élections cantonales en Hautes-Pyrénées sur son projet de politique culturelle.

Questions aux candidats aux élections cantonales en Hautes-Pyrénées

Nous avons contacté les partis qui présentent des candidats aux cantonales en Hautes-Pyrénées pour les interroger sur 2 axes :

Le regard sur de la politique culturelle conduite par le Conseil Général des Hautes-Pyrénées:

  • bilan et critique des initiatives conduites et du soutien aux structures actives.
  • La politique des grands évènements, de l’exposition Warhol au Festival de

    Gavarnie

  • l’action du CG65 envers les plus jeunes ?
  • Est-ce que la part du budget consacré à la culture est suffisante ? Est-elle bien utilisée ?

Le projet culturel pour les Hautes-Pyrénées :

  • Voudriez-vous conduire un projet dans la continuité ou en rupture avec l’action passée ?
  • quelles évolutions ou même révolutions tant au niveau artistique qu’économique voudriez-vous impulser ?
  • Faut-il et doit-on dépenser plus dans ce domaine ?

Réponse de Henri Lourdou, Olivier Clément-Bollée, Yves Carrié, Roger Mur, Yannick Gautier (EELV)

Europe Ecologie Les Verts
Europe Ecologie Les Verts

La politique culturelle peut être un facteur de développement et économique. Le peu qui est fait est mieux que rien, mais n’est rien par rapport à ce qui pourrait être fait.

Les Hautes-Pyrénées possèdent un patrimoine naturel et culturel, urbain et rural, dispersé sur tout le territoire et dont la valorisation en terme de tourisme durable demande un gros effort.

Depuis quelques années, l’Abbaye de l’Escaladieu est devenue l’objet de restauration à poursuivre et le lieu d’évènements culturels. L’exposition Wahrol a surpris ses organisateurs par son succès. Il y aurait-il donc un public régional intéressé par la culture ? Cette découverte paraît surprendre nos responsables départementaux. Les évènements ou expositions de prestige ont leur utilité – ils peuvent être la locomotive qui tire les wagons – mais ils ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt, qui asphyxie le tissus culturel local par confiscation des budgets et par la mise en exergue de « produits » culturels totalement décalés par rapport aux préoccupations et à la création d’un bassin de civilisation. Mais ce mouvement doit se faire dans les deux sens, ainsi l’Abbaye de l’Escaladieu, site cistercien, appartenant à un réseau national et européen devrait aussi être le lieu de diffusion, hors département, de la création locale. D’autres sites comme l’Abbaye de Saint-Sever-de- Rustan devront figurer sur la liste des lieux d’innovation et de création.

Le classement par l’UNESCO du site Gavarnie-Mont Perdu, partagé par deux territoires européens, ne se concrétise actuellement par aucune action destinée à en faire connaître la richesse patrimoniale et humaine. La création d’un musée ethnographique à Gavarnie, ou ailleurs, qui serait le dépôt des connaissances de la civilisation montagnarde et de ses métiers, non pas seulement dans un but conservatoire, mais dans la perspective d’une transmission qui trouvera son application dans les pratiques d’aujourd’hui et de demain.

Ce qui veut dire que ces paysages grandioses ne doivent pas être uniquement un décor de théâtre. La présence du festival annuel à l’intérieur de la partie protégée et classée, outre le fait qu’elle porte préjudice à une zone écologiquement fragile, risque fort de provoquer le déclassement définitif de ce site remarquable et d’anéantir du même coup le projet évoqué ci-dessus.

D’une manière générale, chaque festival pourrait être un moment privilégié de formations professionalisantes aux métiers du spectacle vivant. Ces formations, outre leur intérêt socio-culturel, auraient des répercussions économiques non négligeables. Ces remarques valent aussi pour les autres manifestations telles que le festival de Jazz à Luz, les festivals à Voix Haute et Piano Pic à Bagnères, le cinéma muet à Anères et tous les autres non cités ou à venir.

Le label « Pays d’Art et d’ Histoire », tel qu’il en existe, à ce jour, en vallées d’Aure et du Louron , ne pourrait que développer un tourisme intelligent et durable. Le Val d’Adour, les Côteaux, le Magnoac, la Barousse, le baroque pyrénéens et les vallées de montagne sont à la hauteur de cet enjeu.

Dans notre département, de nombreuses associations mènent des actions éducatives et culturelles en direction des jeunes. Cela va des centres de loisirs aux organismes plus spécialisés. Le Conseil Général doit y être particulièrement attentif et les soutenir financièrement, et encore favoriser les projets d’échanges avec d’autres régions d’Europe.

Le budget consacré à la culture est, selon nous, insuffisant. La culture ne devait pas être considérée simplement comme un divertissement mais un facteur de civilisation. En ce sens, sa place est prépondérante. Elle est un élément fondamental du lien social et de la richesse d’un territoire. Richesse humaine mais encore richesse touristique et économique et ce dernier terme n’est pas un gros mot ! Aider financièrement les initiatives dans ce domaine constitue un investissement sur l’avenir. Cela implique de mettre en valeur, non seulement les sites et les évènements remarquables, mais également de soutenir les projets portés sur l’ensemble du département par les professionnels de la culture et les associations au sein desquelles oeuvrent des centaines de bénévoles.

Le fait même de donner à la culture une place éminente dans le paysage des activités humaines nous paraît déjà révolutionnaire en soi. La culture dans une acception large d’ensemble de connaissances, de valeurs patrimoniales et de créations contemporaines est « formatrice » de civilisation et sera, avec la vision écologique, à laquelle elle est étroitement liée et inséparable, au cœur de notre projet. Ce qui ne veut pas dire que la politique culturelle du Conseil Général se concrétisera en un programme ficelé par une minorité d’acteurs compétents ou pas ; elle sera plutôt la partenaire qui soutient, promeut et fait connaître les initiatives et les créations qui ne manquent pas de surgir et de se développer dans le département.

Vous l’avez compris, cette réponse à votre sollicitation n’est pas un programme mais quelques réflexions, non exhaustives sur le rôle de la culture dans une société que ce soit en termes de cohésion sociale et de qualité de vie qu’en ceux de valorisation économique. La culture, qui a toujours été et demeure pour tous nos élus actuels la cinquième roue de la charrette, doit devenir l’élément moteur de régénération sociale et écologique de la société.


Réponse publiée le samedi 26 février 2011