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Politique culturelle / élections régionales en Midi-Pyrénées 2010 / Brigitte Barèges

Nous avons interrogé Brigitte Barèges (UMP) qui candidate aux élections régionales en Midi-Pyrénées sur son projet de politique culturelle.

Questions aux candidats aux élections régionales en Midi-Pyrénées

Depuis la décentralisation, les poids des régions est devenu déterminant. Les politiques culturelles régionales nous touchent donc directement. Nous proposons aux candidats aux régionales de Midi-Pyrénées de réagir sur quelques aspects de ce thème :

  • La décentralisation dans le domaine de la culture : une chance et/ou une charge pour Midi-Pyrénées ?
  • Faut-il poursuivre le mouvement de décentralisation à l'intérieur de la région ? Quels peuvent être les moyens d’action et les objectifs ?
  • Comment favoriser l’accès à la culture pour tous ?
  • Comment donner à Midi-Pyrénées un véritable rayonnement culturel national et international ?
  • Quelles évolutions envisagez-vous pour la culture en Midi-Pyrénées ?

Réponse de Brigitte Barèges (UMP)

Brigitte Barèges
Brigitte Barèges

Réponse de Marie Déqué, conseillère régionale, candidate de la liste UMP-Majorité présidentielle « Osons Midi-Pyrénées »

« Midi-Pyrénées doit être un pôle culturel majeur de l’Europe des Sud »

La décentralisation dans le domaine de la culture : une chance ou une charge pour Midi-Pyrénées ?

Si elle doit beaucoup à Jack LANG, la décentralisation culturelle, il convient de le rappeler, a été initiée dans les années 1970 par Michel GUY, secrétaire d’Etat à la Culture du gouvernement de Jacques CHIRAC entre 1974 et 1976. C’est notamment à lui que l’on doit d’avoir posé les bases des relations entre l’Etat et les collectivités à travers la signature de chartes culturelles. La décentralisation a indiscutablement constitué une chance pour la création culturelle en Région et une opportunité formidable pour Midi-Pyrénées. Elle a permis l’émergence de projets de territoires pertinents, de festivals de grande qualité et l’éclosion de nouveaux talents sur tout le territoire régional. Elle a incontestablement encouragé la préservation et la valorisation du patrimoine régional, et favorisé la création artistique et la vitalité culturelle dans tous les domaines, celui du spectacle vivant, en particulier des Nouveaux Territoires de l’Art, celui des arts plastiques… La raison en est simple : c’est en partant des territoires et de leur histoire, et en prenant en considération le travail des acteurs culturels de terrain et les attentes des publics que l’on peut identifier les besoins et concevoir une politique culturelle pertinente validée par les experts. La décentralisation a permis cela. Dans le même temps, et vous avez raison, la décentralisation culturelle a représenté une charge pour les collectivités mais pas dans le sens où vous l’entendez. Elle a représenté, à mon avis, une charge positive. Pourquoi positive ? Parce que, si elle a un coût, la culture n’a pas de prix. Surtout, et toutes les études sérieuses sur le sujet le prouvent, elle est un formidable outil de création de richesses en même temps qu’un élément clef du dynamisme économique et de l’attractivité territoriale.

Faut-il poursuivre le mouvement de décentralisation à l’intérieur de la région ? Quels peuvent être les moyens d’action et les objectifs ?

Je plébiscite, vous l’aurez compris, la décentralisation dans le domaine de la culture. Pour autant faut-il aller plus loin ? Je n’en suis pas certaine. Nous avons atteint un point d’équilibre et c’est à partir de cet équilibre qu’il nous faut travailler en particulier vis-à-vis des autres collectivités afin que la Région qui est, à mon sens, l’échelon de coordination par excellence se pose véritablement en chef d’orchestre, en metteur en scène d’une politique culturelle régionale conçue de façon cohérente. En effet, ce n’est pas en additionnant ou en juxtaposant les initiatives prises dans chacun des 8 départements, dans chacune des 3 000 communes et chacun des 32 pays que compte notre Région que l’on peut définir une projet culturel commun fédérateur. C’est à la Région qu’il appartient de coordonner les initiatives locales pour inventer, je dirais même réinventer une politique culturelle moderne, cohérente, qui fasse sens, qui tisse des liens entre tous les publics, qui favorise le dialogue entre toutes les disciplines, qui construise des ponts entre tous les territoires. Le Conseil Régional doit impulser et mettre en œuvre un projet commun qui s’inscrive sur tout le territoire et se décline au sein de plusieurs établissements : une exposition intitulée « Ingres et la néo-figuration » mettant en stéréo le travail d’Ingres et de Pablo Picasso pourrait ainsi être organisée par les Abattoirs de Toulouse et le Musée Ingres de Montauban. Revendiquer la gouvernance de la politique culturelle en Région, penser à l’échelle européenne et favoriser l’accès à la culture pour tous, telles me semblent devoir être les priorités pour l’avenir.

Comment favoriser l’accès à la culture pour tous ?

Donner envie de culture n’est pas aisé. Nous le savons tous. Pourtant, il y a des moyens simples à mettre en œuvre pour favoriser l’accès de tous à la culture. Je n’en citerai que quelques uns : la sensibilisation par l’éducation artistique dès le plus jeune âge, l’éducation à la culture par la culture, la médiation, la mise en place de mesures incitatives en faveur de « publics empêchés » - je veux dire, par là, éloignés des lieux culturels pour des raisons liées à la géographiques, économiques ou liées au handicap -, telle que la gratuité pour les collections permanentes dans les musées, et, bien sûr, le maillage du territoire en équipements de proximité. J’irai, toutefois, plus loin. Il ne s’agit pas seulement de favoriser l’accès de tous à la culture mais de promouvoir l’accès de tous à toutes les cultures. Et cela est d’autant plus important que notre Région est riche de sa diversité culturelle et de son histoire. Terre d’Occitanie et de Confluences, elle a accueilli depuis toujours, et continue d’accueillir, des hommes et des femmes venues d’autres horizons culturels. Nourrie de ces apports, elle doit faire vivre cet héritage multiple venu de l’Europe du Sud, du Sud de l’Europe et d’Afrique, et surtout le faire partager. Le Conseil Régional a, en l’espèce, un rôle majeur à jouer.

Comment donner à Midi-Pyrénées un véritable rayonnement culturel national et international ?

Le projet « Toulouse, capitale européenne de la culture en 2013 » portait cette ambition. Il représentait une formidable opportunité pour Toulouse, son agglomération et plus largement pour notre Région que ceux qui nous ont succédé à la Ville de Toulouse au printemps 2008 n’ont pas su concrétiser. Je le regrette. Et je le regrette d’autant plus que j’avais moi-même initié le projet, que notre dossier avait été sélectionné parmi les finalistes et que si notre Région a manqué ce rendez-vous majeur autour de la culture c’est incontestablement à cause d’un « portage politique » insuffisant de la part de la nouvelle municipalité dans la phase ultime de la candidature. Je referme la parenthèse pour en revenir à votre question. Donner à Midi-Pyrénées un rayonnement culturel national et international implique, tout d’abord, de s’appuyer sur l’extraordinaire vitalité culturelle de la métropole toulousaine, qui est à la fois une porte d’entrée naturelle et une vitrine régionale. Cela implique, aussi, de renforcer l’accompagnement des « temps forts » qui rythment le calendrier culturel régional et des manifestations qui agissent comme des marqueurs de l’identité culturelle midi-pyrénéenne. Je pense, entre autres, au festival Jazz in Marciac, au Printemps de Septembre, au Marathon des Mots à Toulouse, aux Lettres d’Automne à Montauban. Cela implique, par ailleurs, d’achever le maillage du territoire régional en équipements de standard international (résidences d’artistes, galerie d’expositions…). Le Musée Soulages à Rodez est, à cet égard, un projet majuscule à la réalisation duquel je suis très attachée. Cela implique, enfin, d’inscrire le projet culturel régional dans sa nécessaire dimension eurorégionale, d’affirmer plus haut et plus fort l’appartenance de Midi-Pyrénées aux réseaux culturels européens et internationaux, et de nouer des partenariats avec la péninsule ibérique, l’Italie, le Maghreb. C’est à ces conditions que nous ferons de Midi-Pyrénées un pôle culturel actif de l’Europe des Sud et nous permettrons à l’extraordinaire créativité culturelle régionale de rayonner partout dans le Monde.

Quelles évolutions envisagez-vous pour la culture en Midi-Pyrénées ?

Plutôt que d’évolutions, je voudrais parler d’ambition. La mienne, la nôtre, consiste à élever Midi-Pyrénées au rang des régions culturelles de rang européen en s’appuyant sur la métropole toulousaine qui agit comme une porte d’entrée naturelle en même temps qu’un aiguillon en matière de modernité et d’innovation. Cela nécessite de cesser d’opposer les territoires pour les réconcilier autour d’un projet culturel fédérateur, capable d’additionner les talents et de donner à ceux qui nous regardent par delà nos frontières l’envie de venir en Midi-Pyrénées afin de découvrir une terre de culture. C’est cette ambition qu’avec mes partenaires de la liste « Osons Midi-Pyrénées » conduite par Brigitte BAREGES, nous allons proposer aux Midi-Pyrénéens les 14 et 21 mars prochains.


Réponse publiée le vendredi 12 février 2010