Il y a des spectacles qui résistent au résumé. Des spectacles qu’on peine à raconter ou que les mots ne reflètent pas vraiment ce qui s’est passé sur le plateau. C’est le cas de Germinal, présenté mercredi et jeudi au Parvis quelques années après le festival d’Avignon. Alors que dire, sauf que c’est un vrai cauchemar pour celui qui en fait un article. Et un bonheur pour les spectateurs. On pourrait écrire que c’est l’histoire d’un improbable travail de classification de ce qui fait « pocpoc » et ce qui ne fait pas « pocpoc ». Une présentation qui n’est claire que pour ceux qui n’ont pas besoin qu’on leur présente le spectacle. Autre tentative. C’est un spectacle d’une heure et quart avec quatre comédiens. C’est parfaitement clair, mais ça ne dit rien de la pénétrante circulation dans les méandres de la construction du propos.
Ce n'est pas l'adaptation du Germinal Zola. Quoique c'est bien l'histoire d'une naissance. Le spectacle conçu par Halory Goerger et Antoine Defoort part de rien. Un plateau nu, des rideaux noirs, quatre comédiens concentrés sur de petites consoles. Il faut tout inventer. Le son, le mot, la musique, la communication. L’occasion de créer de prendre un nouveau départ, et de créer des relations complètement nouvelles en essayant d’établir les règles rationnelles et rassurantes qui permettraient de tout classer. Un spectacle qui balaye avec malice toutes les conventions pour mettre à nu les mécanismes, à commencer par celles du spectacle, pour changer le regard du spectateur qui se laissent malicieusement mener. Un spectacle fascinant et incroyablement éloquent sans jamais être démonstratif.