Lundi et mardi soir, c’était la dernière des trois séries de représentations des groupes des Ateliers de la Porte Bleue que dirige Marie-Anne Gorbatchevski. Compte tenu que ce que nous avons pu voir au théâtre des Nouveautés fin mai et à la Maison des Association en juin, on avait un espoir solide de se faire plaisir avec un théâtre amateur de haut vol. C’était au tour d’un groupe d’adolescent et d’un groupe d’adultes de montrer leur travail, installés dans le cadre superbe du Carmel.
La soirée a commencé avec « Le cercle de craie caucasien » de Bertold Brecht. Dans un village de Georgie, deux kolkhozes se disputent une vallée. À qui appartient la terre : aux propriétaires qui y sont nés et qui aspirent à y revenir perpétuer une agriculture traditionnelle ou à ceux qui la défendent et la font fructifier ? Un conflit qui ouvre sur le récit d’un conte inspiré d’une légende chinoise. Une fille de cuisine, Groucha, recueille un nourrisson, fils du gouverneur abandonné par sa mère très occupée à sauver sa garde-robe lors d’une révolution de palais. Des années plus tard, la mère naturelle réapparaît pour reprendre son fils et son héritage. A qui revient l’enfant : à celle qui engendré l’enfant ou a celle qui l’a élevé ? Le peu recommandable juge Azdak place l’enfant au centre d’un cercle de craie. La mère qui arrivera à tirer l’enfant hors du cercle aura gain de cause.
On est d’abord séduit par l’implication totale de ces adolescents de 15 à 19 ans. Peut-être faut-il avoir 17 ans pour vivre les choses comme ça ! Mais c’est surtout le jeu des comédiens, comme Pauline Alle dans le rôle de Groucha ou Alex Tani dans le rôle du juge pour n’en citer que deux, qui suscite l’enthousiasme. Le savoir faire de Marie-Anne Gorbatchevski fait le reste.
Après cette première pièce, un des deux groupes d’adultes des Ateliers de la Porte Bleue présentait « Une poignée de seigle », une adaptation du roman d’Agatha Christie écrite par le groupe. Une espèce de partie de Cluedo ou l’inspecteur Neele cherche si c’est le Miss Crump ou Percival qui est le meurtrier de Mister Fortescue. A moins que ce soit Gladys… Heureusement qu’il y a Miss Marple pour éclairer l’inspecteur. Une ambiance très british, délicieusement kitsch, qui fait penser à « Huit femmes », le fil de François Ozon, un brin de cabotinage en plus.