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Politique culturelle / élections législatives en Hautes-Pyrénées 2024 / Sylvie Ferrer

Nous avons interrogé Sylvie Ferrer (LFI) qui candidate aux élections législatives en Hautes-Pyrénées sur son projet de politique culturelle.

Questions aux candidats aux élections législatives en Hautes-Pyrénées

Votre regard sur de la politique culturelle conduite par le Président de la République Emmanuel Macron et les Ministres de la culture depuis le début de son 2nd mandat :

* Bilan et critique des initiatives conduites et le soutien aux structures actives.

Votre contribution à la politique culturelle

* Quel est pour vous la mission culturelle de gouvernement, et précisément celle du futur Ministre de la Culture ?

* Quelle seraient les actions à mettre en œuvre pour favoriser la culture pour tous, particulièrement envers les publics qui sont absents des pratiques culturelles et envers les plus jeunes.

* Est-ce la politique culturelle peut se faire à moyens constants ?

* Quelle(s) action(s) souhaitez-vous voir mise en œuvre par le futur gouvernement dans les 100 premiers jours ?

* Comment souhaitez-vous que cette politique culturelle se concrétise en Hautes-Pyrénées ?

* Quelle image de la culture en Hautes-Pyrénées souhaitez-vous porter à l'Assemblée Nationale ?

Réponse de Sylvie Ferrer (LFI)


Votre regard sur de la politique culturelle conduite par le Président de la République Emmanuel Macron et les Ministres de la culture depuis le début de son 2nd mandat

Bilan et critique des initiatives conduites et le soutien aux structures actives

Le ministère de la culture semble être devenu un centre de gestion des dispositifs culturels existant. Aucun cap n’a été défini, aucune vision n’a été assumée par les différents ministres qui se sont succédé. Ce qui est évident c’est que la culture est pensée comme un bien marchand, à l’instar du dispositif Pass Culture. D’un point de vue sociétal, la politique culturelle menée ces dernières années n’a pas aidé à endiguer la banalisation des idées de l’extrême droite dans la société française. Bien que ce phénomène ne date pas d’hier, le président Macron ne s’est pas mobilisé dans la bataille culturelle contre la montée du fascisme. Le Nouveau Front Populaire relèvera ce défi de la riposte culturelle contre l’extrême droite. Nous limiterons strictement la concentration dans les industries culturelles et les médias dans les mains de quelques propriétaires Nous exclurons des aides publiques les médias condamnés pour incitation à la haine ou atteinte à la dignité des personnes. Nous défendrons l’indépendance des rédactions face à leurs propriétaires. Nous garantirons la pérennité d’un service public de l’audiovisuel en instaurant un financement durable, lisible, socialement juste.

Votre contribution à la politique culturelle

Quel est pour vous la mission culturelle de gouvernement, et précisément celle du futur Ministre de la Culture ?

L’Etat a pour mission de permettre aux individus de s’émanciper afin qu’ils disposent d’outils intellectuels et spirituels pour bien vivre ensemble. Cela se résume dans la formule républicaine : liberté, égalité, fraternité. Notre cap c’est l’harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature. Le futur Ministre de la Culture aura pour tâche de mettre la culture au service des valeurs progressistes : solidarité, ouverture au monde, respect du vivant, curiosité, esprit critique, liberté de parole, écoute, invention, travail de mémoire. Nous avons besoin de toutes ces vertus pour construire le Nouveau Front Populaire.

Quelle seraient les actions à mettre en oeuvre pour favoriser la culture pour tous, particulièrement envers les publics qui sont absents des pratiques culturelles et envers les plus jeunes

Le groupe culture de la France Insoumise a particulièrement réfléchi à la démocratisation culturelle. L’accès à la culture est multifactoriel : l’éducation, la proximité, le coût jouent chacun leur rôle. L’éducation nationale doit être le fer de lance de la culture. Pour que la pratique des arts s’épanouisse à l’école, il faudra professionnaliser les intervenants extérieurs et former davantage les professeurs. Nous proposons de jumeler tous les établissements scolaires avec des établissements culturels. Concernant la proximité nous souhaitons redonner leur capacité d’action aux associations artistiques et culturelles ainsi qu’aux maisons des jeunes et de la culture (MJC) par des conventionnements durables. Le maillage national des bibliothèques et médiathèques doit être défendu. Pour que la pratique des arts fassent partie du quotidien, nous voulons systématiser le recours à un·e architecte dans la construction de lotissement et y garantir la présence d’espaces communs de création artistique. Il faudra aussi encadrer les loyers commerciaux de lieux culturels là où c’est nécessaire et particulièrement en zone rurale. Parallèlement mettre en oeuvre un programme public de développement de lieux culturels à loyers modérés. Concernant le coût, le Nouveau Front Populaire prévoit immédiatement d’étendre la gratuité dans tous les musées nationaux, garantir une tarification abordable dans les institutions publiques et encadrer les tarifs abusifs des lieux privés.

Est-ce la politique culturelle peut se faire à moyens constants ?

Non, la culture ouvre la voie de l’ensemble des productions humaines, en cela elle est corrélée aux autres secteurs économiques. En 2025, nous renforcerons le budget public consacré à l’art, la culture et la création pour le porter à 1% du PIB par année.

Quelle(s) action(s) souhaitez-vous voir mise en oeuvre par le futur gouvernement dans les 100 premiers jours ?

Dans les 100 premiers jours le Nouveau Front Populaire engagera des mesures fortes pour répondre à l’urgence sociale en matière de pouvoir d’achat. Deux grandes lois pour reconstruire notre système de santé publique et notre école. Ainsi qu’une loi énergie- climat pour enfin jeter les bases de la planification écologique. Ces mesures vont changer le rapport de force en faveur des travailleurs. Nous annulerons la réforme du RSA qui va particulièrement impacter les artistes les plus précaires. Nous avons conscience que les travailleurs de la culture et de l’art sont peu valorisés alors qu’ils s’occupent d’une tâche essentielle : celle de construire de nouveaux imaginaires. Ces 100 jours constitueront un changement de paradigme, il s’agira ensuite de façonner les jours heureux… Nous aurons besoin de toute l’imagination de la société mobilisée, notamment les syndicats, les associations, les collectifs, les intellectuels, les artistes et le monde de la culture. Le plus grand défi de ces 100 jours c’est de créer la dynamique, faire advenir l’espérance d’un autre monde possible. Les acteurs de la culture seront des partenaires indispensables pour construire le Nouveau Front Populaire. Nous améliorerons le régime des intermittents et nous irons vers la création d’un nouveau régime pour les artistes-auteurs.

Comment souhaitez-vous que cette politique culturelle se concrétise en Hautes-Pyrénées ?

A plus long terme que les 100 jours, nous souhaitons que la politique culturelle s’affirme davantage dans les Hautes-Pyrénées. Sans renier la dimension patrimoniale de la culture, il faut s’appuyer sur sa dimension « vivante », en faire une culture du quotidien. L’état, la région et le département, les communes doivent travailler de concert en dialoguant. Aujourd’hui les collectivités poursuivent chacune leurs objectifs. Des assises de la culture seraient nécessaires afin que les acteurs culturels prennent part à la réflexion, avec les élus culture et les services culture quand ils existent. Les députés peuvent aider à créer les conditions de cette synergie. Les habitants ont aussi leur place dans cette réflexion, car la culture ce n’est pas seulement celle qui est produite par les institutions culturelles : la culture se fabrique in vivo, par tout un chacun, c’est un ensemble de gestes qui sont pratiqués par habitude ou inventés. Il est important de reconnaître que les faits culturels sont aussi de la culture : le sport, la cuisine, les fêtes locales, la technique, la langue, le chant, le vêtement… sont autant d’occasion de faire culture. Enfin, il serait temps que le tourisme intègre la dimension culturelle : il est le socle économique existant sur lequel on peut développer une économie de la culture.

Quelle image de la culture en Hautes-Pyrénées souhaitez-vous porter à l'Assemblée Nationale ?

La culture dans les Hautes-Pyrénées est emprunte de sa géographie. Terre de paysages, de pics et de chemins de grandes randonnées, d’eaux vives, de routes et de forêts. La photographie, le dessin, la littérature sont des médias artistiques évidents. Les sciences de la nature, la botanique, la géologie, la climatologie, l’astronomie sont une part de cette culture. L’effort, le travail du corps, le soin, les sports occupent une place importante dans le quotidien pyrénéen. La pratique des activités de pleine nature constituent une culture populaire, pleine de savoirs sur le vivant. Le déplacement, le mouvement, les migrations sont des faits caractéristiques de ce département frontalier, destination de voyage depuis le 19 siècle. Des sites internationaux comme Gavarnie, Lourdes, le pic du Midi sont emblématiques de cette ouverture au monde dont nous pensons qu’elle est salutaire pour le futur du vivre ensemble.


Sylvie Ferrer et Victoria klotz

Pour le Nouveau Front Populaire

Réponse publiée le vendredi 28 juin 2024